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Dans son Odyssée – que je vous recommande chaudement - Daniel Mendelsohn remarque à peu près : autant un père peut avoir de son fils une connaissance complète, autant, un fils ne peut jamais vraiment tout connaître de son père.
"... he had known me all along. Well, why not? He had made me. A father makes his son out of his flesh and out of his mind and he shapes him with his ambitions and dreams, with his cruelty and failures too. But a son although he his of his father, cannot know his father totally, because the father precedes him; his father has already lived so much more than the son has, so as the son can never catch up, can never know everything. No wonder the Greeks thought that few sons are the equals of their fathers; that most fall short, all too few surpass them. It's not about value; it's about knowledge. The father knows the son whole, but the son can never know the father." DM
ma trad : (Il me connait depuis toujours. Bien sûr, il m'a fait lui-même. Un père vous fabrique avec sa chair et vous façonne avec ses rêves et ses ambitions, avec sa cruauté et ses erreurs aussi. ((je précise que le livre est dédié à sa mère, pour ceux-celles qui seraient chatouilleux de la parité)) Mais un fils, bien qu'il soit issu de son père, ne peut jamais le connaître complètement, puisque par définition, son père le précède ; le père a déjà vécu tellement davantage que le fils, il est bien sûr impossible que celui-ci le rattrape jamais, jamais il ne pourra tout savoir de son propre père. D'où cette pensée des Grecs Anciens selon laquelle peu de fils sont les égaux de leurs pères, la plupart ne sont pas la hauteur, très rares sont ceux qui les surpassent.
Il ne s'agit pas là de valeur mais de savoir. Le père connaît son fils dans son intégralité, mais le fils ne pourra jamais connaître son père.)
Effectivement, l’enfance, l’adolescence, les années de formation de nos parents, nous échappent, à nous leurs enfants.
Alors que par définition ils nous voient devenir ce que nous serons.
Pourtant, j'ai eu en mains le journal des 20 ans de Willy.
Et quand j'y ai lu des expressions comme "il m'est venue une idée sotte et grenue" j'ai eu la sensation de l'y retrouver tout entier – son même esprit, déjà et pour toujours.
Par ailleurs Daniel Mendelsohn dit de son père Jay, des choses qui m'ont rappelé le mien. Cette phrase typique, en particulier :
"For him, the more difficult something was to achieve or to appreciate, the more unpleasant to do or to understand, the more likely it was to possess this quality that for him was the halmark of worthiness." DM
ma trad : (Pour lui, plus une chose était difficile à accomplir ou à évaluer, plus elle était désagréable à réaliser ou ardue à comprendre, plus elle avait des chances de posséder cette qualité qui était pour lui la marque indéniable de la vraie grande valeur.)
Des exigeants, Jay et Willy, des gars pour qui difficile était synonyme de bon. Vu de loin, c'est attendrissant finalement, toute cette rigueur.
Et à part ça ?
Vous aurez remarqué que je poste un peu en avance. Emploi du temps oblige. Je vais passer quelques jours à la campagne, dans un de ces endroits préservés où la connexion est mauvaise et où de toute façon on n'en sent pas le besoin.
Je me griserai d'odeurs fraîches et de visions naturelles. Je mangerai la bonne cuisine de ma mère (dont je ne parle jamais ici, par pure superstition - elle va bien, nous nous entendons de mieux en mieux) et je penserai à vous.