« Quand vous aurez fini de monter des cendres, vous descendrez mon thé »
Il aimait bien nous taquiner, petites, ma sœur et moi, avec ce genre de jeux, comme "Vincent mit l’âne" et "Chat vit rôt" que je crois avoir déjà évoqués …
A la radio, j'entends dire que la gourmandise était mal vue des autorités religieuses, pas seulement en tant que telle, mais parce qu'elle entraînait inévitablement à d'autres excès.
Willy n'hésitait pas à emprunter souvent ce genre de chemin.
Le mot magique et redouté, le mot qu'il ne tardait jamais à prononcer et me hérissait c'était : Engrenage.
Ne vous en ai-je pas déjà parlé ?
C'était son excuse pour nous interdire de petites choses, des coquetteries essentiellement. Etre coquettes nous rendrait frivoles et frivoles, écervelées, distraites, voire pire ...
Ce sont des bribes revenues.
Un mot entendu dans la rue ou sur les ondes (ah ah ah, plus personne ne dit ça, le numérique a fait taire les ondes, les a enterrées même, peut-être. Il y a toujours pourtant, à côté de la Maison de la Radio - ou dit-on désormais Radio France, sans maison ?- un café qui s'appelle Les Ondes), une expression, un geste nous les ramène ...
Les nôtres même défunts sont toujours avec nous.
Il y a quelques jours sur un quai de gare, ayant des minutes à perdre, je me décidai à sortir de mon sac une pêche et à la manger là, assise sur un tube de métal, vestige de banc - les deux pieds bien campés, les genoux écartés.
Au moment où j'ai mordu dedans, où un peu de jus a coulé sur le sol, malgré l'aspiration préventive, j'ai reconnu un plaisir de pique-nique, une attitude Willyesque. Comme s'il mangeait ce fruit avec moi.