Voilà, j'ai encore manqué le 26. On pourrait dire que 'je m'y fais' ou simplement que la vie m'étourdit, plus forte que ceux qui la quittent. Le fait est que la liste vient encore de s'allonger, Philip Roth là-bas. Et, tout près de moi ...
A la faveur (si on peut dire) de la disparition d'Arty, je comprends d'un coup pourquoi mon père m'a annoncé, il y a déjà ... 8 ans ? "ton papa n'a plus de maman". Phrase qui à l'époque m'avait paru infantile, inquiétante, neuneu, bizarre.
J'ai tellement de mal moi-même à dire le, les vrais mots. Voulant avertir une amie chez qui nous devions dîner, je n'ai pas réussi à écrire ce qu'il fallait, le plus clair et le plus court, le moins pathos et le plus digne. J'ai bien dû m'avouer que m'était venu "il n'a plus de maman". Je ne suis pas allée jusqu'à l'écrire, j'ai fait seulement un petit retour en arrière vers mon propre papa plus là.
Je comprends enfin pourquoi il est bon - et comme tout ça est bien fait - que nous nous constituions chacun notre propre famille, en dehors de nos parents. Quand ils nous quittent nous ne sommes ainsi pas seuls au monde. Mon amoureux est désormais seul de sa famille d'origine. J'ai le vertige pour lui. Mais il nous a nous, sa famille a lui, qu'il a faite.
Comme une fleur coupée. Tant qu'on est sur la plante, celle que constituent nos parents, bourgeon, bouton, fleur, on a de l'avenir. Quand ils meurent, on est comme une fleur coupée.
Sauf qu'en vrai on est plutôt graine et que l'avenir ouvert fait que nous allons nous planter un peu plus loin, parfois à peine, parfois très, pour constituer à notre tour une plante qui donnera d'autres graines.
Absurde de s'imaginer fleur coupée tant qu'on est soi-même plein de vie
Et sur ce, alors que l'été nous sourit déjà, je vous embrasse ...