j'ai laissé passer le jour
c'est la première fois depuis le 26 juillet 2012
et là je me dis qu'il faut bien que je marque la date entière
parce que j'ai tendance à mélanger les années
bien sûr j'ai pensé à lui quand-même
parce que j'y "pense" tous les jours
mais pas rituellement là
je crois que je ne me suis même pas dit : ah la la, on est le 26 !
c'était la fête des mères
c'était dimanche
mon petitphone n'avait presque plus de batterie et j'avais oublié le chargeur à Paris
il faisait froid en Bourgogne et dans la France entière si j'ai bien compris
je suis sortie de la demeure qui nous accueillait
pour aller marcher dans les vignes
j'ai appelé ma mère vite
parce que cette fête, même si tout le monde s'en fiche et que c'est stupide et de mauvaise source
ce serait dommage de passer pour une ingrate indifférente en omettant d'y sacrifier
donc
et d'ailleurs, j'ai bien aimé que ma fille m'envoie ce jour-là une photo d'elle avec le chat
et m'offre en prime
Les Mondes de Ralph en DVD
mais c'est une autre histoire
tout ça pour dire
que le jour des dix mois sans mon père
j'ai parlé à ma mère
entre les vignes vertes et roses
avec vue sur une vallée douce
et un clocher de tuiles vernissées croisillonnées
et que la veille
j'avais eu une discussion émerveillante avec un chanteur musicien
qui disait de son acolyte retrouvé
"on a la même horloge"
et le fait est que quand on les entend ensemble, guitares et voix, percus au pied
quelque chose passe
il disait que c'était rare et précieux
pas seulement pour la musique
et je me suis endormie avec cette phrase, leurs chansons
et l'inspiration que donnent certains vins de Bourgogne
- il faut le reconnaître
et rendre à Meursault, non en l'occurrence, Violette, enfin je ne sais plus -
l'inspiration m'a portée toute la nuit
où j'ai vogué comme un chat dans ses rêves de chasse
sur des paroles que j'écrivais moi-même
des phrases qui finissaient toutes par "par"
et qui m'enchantaient