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14 mai 2013 2 14 /05 /mai /2013 14:57

1150749500[1]Dans un papier de Sofilm sur Viggo Mortensen, il est question de l’enfance qui servirait de réservoir. L’acteur au poil dru aurait emmagasiné beaucoup d’images, d’inspiration et d’énergie dans la pampa argentine. Je n’en pense rien de plus, je suis contente pour lui.

Et puis, parce que dans Libé, Modiano raconte brièvement comment chacun des dix romans de son Quarto Gallimard est né, j’achète le pavé souple, je regarde les photos et je commence par le commencement, Villa Triste.

Et je trouve que Modiano – dont je n’avais lu jusqu’ici que les Boutiques Obscures qui ne m’avait pas donné envie de persévérer – a quelque chose de Marguerite Duras (dont j’ai tout lu, sauf les romans de ses débuts, plus bavards et moins forts) … le côté son nom de Venise dans Calcutta désert, le goût des noms de personnages, même dégagés de la personne, pour leur parfum. Un sens du private joke, pas joke du tout d’ailleurs, ce talent pour évoquer un endroit ou une personne que lui seul connaît – ou imagine – sans en raconter grand-chose.

Et là où ça boucle avec Viggo, c’est que je vois Modiano comme un type qui a engrangé dans son enfance et son adolescence, une somme d’images et de personnages étranges, immense et non élucidée, qu’il semble (je n’ai pas fini mon Quarto, mais j’ai quand même une idée du bonhomme) explorer à l’infini.

En le lisant lui, je comprends enfin tous ces écrivains qui se mettent, passé un certain âge, à farfouiller dans leurs souvenirs d’enfance, d’une manière plus ou moins classique. Evidemment la source de tout est là. C’est comme un puzzle. Comme si dans nos jeunes âges nous avions été encodés. Et qu’il fallait avoir parcouru un grand bout d’existence avant d’avoir l’idée - et assez de savoir-faire – pour essayer de décoder la source. Aller fouiller dans le coffre à jouets, déchiffrer notre propre énigme. Comme si on était entièrement constitué par cette période où on reçoit tout sans rien remettre en cause et qu’il fallait ensuite la vie presque finie pour essayer d’y voir clair.

Je ne me sens pas encore tout à fait à l’âge de plonger dans mon réservoir, et je ne voudrais pas vous ennuyer avec tout ça. Il faut un talent très spécial, celui de Modiano par exemple (ou une patience spéciale à ses lecteurs) pour rendre agréables, voire palpitantes, mais n’en demandons pas trop, ces bribes chargées à bloc, ces morceaux sur-signifiants.

Y a Marcel aussi, qui savait bien le faire. Lui réussissait même à nous présenter sous toutes ses facettes et dans une seule phrase, une image, ses diverses significations - scientifiques, artistiques, historiques - ET la charge d’émotions personnelles que ses temps y avaient successivement accrochée. Il est plus chatoyant, plus ironique, c’est pourquoi peut-être j’ai trouvé la clef pour Proust avant celle de Modiano.

Et donc là, qu’est-ce que je voulais nous dire ? Que vous pouvez être tranquille encore un petit moment. Je vais continuer les « je me souviens » de mon père, mais je ne vais pas vous bassiner tout de suite avec mes gazouillis sous les orangers d’Algérie.

 

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