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23 janvier 2013 3 23 /01 /janvier /2013 16:51

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Nous sommes incomparables quant à nos contextes historiques, niveaux de renommée, de talent, et de malheurs endurés. Elle me bat haut la main sur tous les plans et la question n’est pas là. La lecture de son « Vivre dans le feu » m’a permis, en plus de m’enticher d’elle, de clarifier deux ou trois choses que je sais de moi.

1 – « J’écris pour savoir, pas parce que je sais. »

Elle a parfaitement résumé l’affaire. De ce point de vue, je suis comme elle. J’écris pour répondre à une question, une inquiétude, une lubie personnelle et pour découvrir en écrivant, mon sentiment sur le problème.

Et comme j’adore les théories du genre « dans la vie, y a ceux qui creusent et ceux qui ont les pistolets  chargés » j’étendrai volontiers sa déclaration : il y a deux types d’auteurs : ceux qui écrivent parce qu’ils savent et ceux qui écrivent pour savoir.

Deux attitudes fondamentalement différentes, pas d’échelle de valeur évidemment, juste une manière de voir où on se situe. Et quand on a un avis sur un livre, pas inutile de se demander auquel de ces deux types on a affaire.

Evidemment ça ne marche pas avec tout. Là je tente Malaparte : il sait. Et David Lodge ? Il sait. Annie Ernaux ? Elle veut savoir, elle veut comprendre. Et Mary Frances Kennedy Fisher ? Et Martin Amis ? Et Nick Hornby ? Et Katherine Pancol ? Euh …

Je crois que ça ne recouvre pas tout à fait la différence entre la fiction et l’introspection. Pas non plus tout à fait la distinction entre ceux qui me touchent et ceux qui me laissent froide.  Mais faut-il pour autant affiner ?

« Glissez mortels, n’appuyez pas » comme dit souvent ma mère, citant La Fontaine.

 

2 – Je crois que c’est Tzvetan Todorov dans son intro qui l’évoque : Marina ne pouvait pas parler d’une autre voix que la sienne (et c’est très bien comme ça). Elle écrivait des poèmes, des lettres, des textes, mais n’a jamais pondu le gros roman qu’un certain Ivanov lui réclamait (on m’a déjà fait le coup.)

La polyphonie, pas son genre.  Elle a fait œuvre quand même, ô combien.

Ce qui me rassure, vu que moi non plus je ne me sens pas capable de faire parler une galerie de personnages, de produire un roman monde, de me mettre dans la peau de quelques-uns qui ne me ressembleraient ni de près ni de loin.

 

3 – Sa « concentration névralgique » sur des personnes qui lui plaisent d’un coup, très fort, qui l’enflamment et l’inspirent. Et la manière dont souvent elle fabrique avec eux des sortes d’avatars devant lesquels les vrais individus pâlissent.

Je pense que c’est un truc d’écrivain, mais peut-être pas seulement. L’exaltation amoureuse me semble à rechercher absolument, justement parce qu’elle inspire et fait battre le cœur.

Voici ce qu’elle en dit en 1940 : « Vous pouvez me donner infiniment - beaucoup, car seul celui qui fait battre mon cœur peut me donner. C'est mon cœur battant qu'il me donne. Quand je n'aime pas - je ne suis pas moi. »

Et ces engouements, aussi forts soient-ils, n’empiètent pas sur l’attachement profond principal éternel qu’elle a pour le père de ses filles.

 

4 – Son indifférence à l’Histoire avec un grand H, aux agitations de la politique autour d’elle, ce qui ne l’empêche pas d’être une révoltée, mais solitaire. Tout ça sur fond de révolution d’Octobre puis de prémisses de la guerre II. De ce point de vue, elle SAIT, là où j’oscille. Entre le détachement = je sais où est ma place, petite envergure, petites actions ; et les bouffées d’indignation, les on ne peut pas laisser faire ça, les qu’est-ce que j’aurai donné au monde ?

 

5 – « Conseil à moi-même : apprendre à me taire (à avaler). Mes mots ruinent tout ... Peut-être que si je me tais la vie me supportera. »  (En mai 1932, elle a donc 40 ans.)

Je me reconnais bien là, toujours les mêmes résolutions non tenues : apprendre à répondre à une question par une autre, voire la même. C’est tellement plus poli que de s’étendre comme je fais dès qu’on s’enquiert de ma santé, de mes vacances ou de mes états d’être.

 

Dans le même genre un peu anecdotique il y a aussi, en  juillet 1923 : « Je n'ai aucune envie de passer mes quelques malheureux jours à Berlin chez les éditeurs : moi, personnellement - avec mon insouciance et ma bonne éducation - je m'y prends toujours très mal en affaires. »

Et là, je n’ai même pas, moi, l’excuse d’être poète !

 

 

 

 

 

 

 

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